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La provocation de François Fillon

Du mépris pour les élus locaux

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Au congrès des maires à Paris, François Fillon s’est livré à une leçon de morale sur la dette. Il a même avoué que l’Etat qu’il dirige depuis 2007 (enfin en tant que « collaborateur » du président) n’avait pas de leçon à donner. Ce qui ne l’a pas empêché d’affirmer benoîtement : « L’Etat s’est endetté pour financer les dotations aux collectivités locales. » La bronca a fait trembler l’auditorium de la porte de Versailles, mais le calme est revenu rapidement, comme si les maires eux aussi, à l’image d’une majorité de Français, attendaient la fin de la farce au mois de mai prochain.

Le père La morale

Le premier ministre de Sarkozy a d’abord voulu persuader les maires qu’ils étaient eux aussi responsables de la dette et qu’il n’y avait pas d’autre alternative que de réduire la dépense. « Il faudra, dit-il, économiser 100 milliards d’euros d’ici 2016. » Evidemment, on pourrait citer les propos (à lire ici) de Patrick Artus, chef économiste de Natixis (pas un dangereux gauchiste, donc !) : « Si on harmonisait complètement les deux formes de taxation, y compris sur les plus-values en capital, les recettes fiscales seraient accrues de plus de 60 milliards d’euros par an. » Et c’est sans compter les niches fiscales diverses.

Au lieu de ça, F. Fillon a fait une leçon de morale : « Je vous propose d’élever le débat au niveau moral. » Il nous impute un péché collectif, il faudrait donc que nous nous infligions une pénitence. Et le péché, c’est la dette : « Se désendetter, c’est protéger nos enfants du plus cruel des maux, celui de payer une faute que leurs parents ont commise. »

La réalité des chiffres

Aussi bien le président UMP de l’AMF qu’André Laignel, secrétaire général PS, ou les autres orateurs, tous ont souligné la réalité des chiffres qui donne une vision tout à fait différente. Si les déficits se sont creusés, c’est d’abord en raison des cadeaux fiscaux consentis aux plus aisés : l’Etat ayant abandonné des recettes sans contrepartie réelle s’est trouvé dans l’incapacité d’assumer ses responsabilités. Ainsi la suppression de la taxe professionnelle a eu deux conséquences : perte de plusieurs milliards de recettes annuelles, et cadeau aux entreprises, sans investissements productifs ni embauche. La défiscalisation des heures supplémentaires coûte presque 5 milliards par an et provoque des destructions d’emplois et fait remonter le chômage.

Dotations de l’Etat aux collectivités : les faits

Les dotations de l’Etat aux collectivités ne sont pas un cadeau, mais le juste reversement d’une part des impôts nationaux en contrepartie du rôle que jouent les collectivités dans l’action publique. D’ailleurs, les collectivités assurent un peu plus de 20% de la dépense totale, et surtout, plus de 70% de l’investissement public ! Pourtant, le gouvernement de Sarkozy a décidé le gel en volume des dotations de l’Etat aux collectivités, ce qui correspond évidemment à une baisse pour certaines d’entre elles.

Les collectivités sont-elles dépensières ? Un rapport de G. Carrez, député-maire UMP du Perreux, montre clairement que les dépenses des collectivités sont stables depuis 15 ans par rapport au PIB. Quant à la dette, il faut d’abord rappeler que les collectivités sont soumises à une règle bien plus dure que la règle d’or brandie par le président : pas d’emprunt si ce n’est pour investir ! Et en volume, on peut comparer les sommes : plus de 1 600 milliards pour l’Etat, moins de 160 pour l’ensemble des collectivités. A voir ici

Mal placé pour donner des leçons

François Fillon l’a dit lui-même : « L’Etat est mal placé pour s’ériger en juge. » Il n’avait pas non plus besoin de lancer cette provocation inutile. « L’Etat s’endette pour financer les dotations de fonctionnement aux collectivités. »
Oui, la droite creuse la dette, c’est vous qui payez la note.


La droite creuse la dette c’est vous qui payez... par PartiSocialiste

Publié le dimanche 27 novembre 2011, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Depuis des mois les collectivités locales sont submergées par une tornade de réformes aussi superfétatoires que dévastatrices. Les Français en prennent conscience et en 2012 ils vont brutalement se réveiller et constater que les élus de proximité les protègent avec leurs moyens et ont ainsi une implication sociale primordiale en cette période de crise.

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  • « Elus à pléthore », « mille feuilles incompréhensible »,« indemnités ahurissantes », « fonctionnaires inutiles », « dépenses somptueuses », « endettement vertigineux », « ... » , autant d’idées toutes faites déclenchées par le Gouvernement et l’UMP dans le but de discréditer les élus et les exécutifs locaux. Et que dire du démagogique abandon de la taxe professionnelle qui étrangle les communes, les départements et les régions, exclusivement pour tenter de les mettre à genoux !.

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  • Fillon doit être amnésique car depuis qu’il est 1er Ministre il y a de partout un désengagement sur tous les fronts d’un État qui par ailleurs, voudrait récupérer sa tutelle contraignante sur la gestion décentralisée mise en place par la Gauche. La pression devient intolérable et le Gouvernement comme le montre le discours du 1er Ministre accuse les collectivités de ne pas être capables de … compenser les défaillances grandissantes des politiques du Gouvernement qu’il dirige. Les élus supportent de plus en plus mal d’être sans cesse montrés du doigt, et soumis au feu croisé et aux angoisses de toutes les composantes de la vie sociale

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  • Le Président trouve le temps (et l’argent !) de se rendre à Toulon devant 5000 militants UMP et pas une minute pour le Congrès des Maires. Certes il risquait de ne pas être dans une salle garnie par des « amis » convoqués pour faire la claque. Non le risque était pour lui d’un accueil à la hauteur de la désillusion actuelle des élus locaux.

    Evidemment le soir il a reçu des élus choisis et dociles à l’Elysée , pour les flatter !

    Quelle honte !

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  • Les élus locaux baignent dans la plus grande incertitude. Le gouvernement transfère sans réelle dotation de plus en plus de missions régaliennes de l’Etat.
    Il en est ainsi de l’éducation avec la création dans les communes des jardins d’éveil, de la sécurité avec le transfert vers la vidéosurveillance et les polices municipales, de la culture avec la réduction et demain la suppression des déjà maigres crédits de l’Etat.

    Les élus locaux doivent au quotidien jongler pour faire coïncider au maximum les besoins et les moyens.

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  • En résumé :

    Qui défendent le mieux l’école rurale ? Les services publics de proximité ? Les postes d’enseignants ? Les solidarités de proximité ?, …

    Qui gèrent au mieux les collectivités malgré les diminutions des dotations ? Malgré des réformes incohérentes ? Malgré des exonérations faites sans compensation au détriment des collectivités ? Les Maires !

    Qui accuse les élus locaux d’avoir un discours au mieux décalé et passéiste ? D’être irréalistes et irresponsables ?, …

    Qui détruit les solidarités communales en soumettant les intercommunalités au bon vouloir des Préfets ? Éloigne davantage les élus de leurs mandants par des propos démagogiques ?,... Le Gouvernement !.

    Point barre !

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