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L’insécurité est un sujet trop sérieux pour le laisser à la Droite

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Avant d’aborder ce sujet, il faut revenir aux conditions de l’élection de J Chirac en 2002. Lionel Jospin ayant déclaré « avoir fait preuve d’angélisme » concernant la sécurité, des considérations tactiques ont conduit le candidat Chirac à inscrire ce thème au cœur de sa campagne, en exploitant, parfois d’une manière éhontée, tous les faits divers (affaire « Papy Voise »). C’est cette même tactique que Sarkozy a reprise à son compte, tissant son filet comme Ministre de l’Intérieur, puis comme candidat à la Présidentielle en 2007 et sans doute en 2012. Après 10 ans de pouvoir Place Beauvau, puis à l’Elysée Sarkozy, est-il le seul bouclier contre l’insécurité qu’il prétend être ?

L’inexorable aggravation de l’insécurité ou la posture (l’imposture ?) de Sarko

Presque 10 ans après sa nomination au ministère de l’Intérieur, son bilan sécuritaire permet de mesurer l’étendue de son échec. Loin des communiqués triomphalistes, les études de la Commission Européenne indiquent que la France est l’un des pays qui enregistrent le nombre le plus élevé de violences urbaines. Il est aussi le seul dont l’image de la police est dégradée. Ce constat illustre la faillite d’une politique sécuritaire basée avant tout sur la communication.

A juste raison, les syndicats de Policiers dénoncent la diminution non seulement des effectifs mais aussi des moyens. Hors adjoints de sécurité, les personnels actifs sont 117 925 soit exactement 10 891 de moins qu’en 2002 ! Les Gouvernements successifs ont désarmé les forces de sécurité, en supprimant de nombreux postes et en les privant de moyens essentiels. Des budgets en baisse face à une criminalité en hausse la Droite a échoué à protéger les Français, notamment les plus fragiles, face à l’insécurité  : les habitants des quartiers populaires et des territoires ruraux en sont les premières victimes.
Les urgences de campagne sont reléguées au second plan. Ce qui en 2007 était présenté comme une priorité est devenu au nom de RGPP une simple variable d’ajustement de l’action gouvernementale. Dans ce domaine aussi, les engagements sont reniés sans scrupule.

Concernant la Justice, la situation est encore pire car elle a dû subir les coups de boutoir et les attaques incessantes du pouvoir. Ce qui a créé un profond malaise chez les magistrats et de plus en plus de doute chez les justiciables, inondés de nouvelles lois non évaluées, malgré les promesses du candidat, et soumises à la dictature de l’émotion.

En occupant, depuis le discours de Grenoble, l’espace médiatique avec l’insécurité et l’immigration, celui qui s’occupe de la sécurité des Français avec son fidèle Guéant, tente de reconquérir l’opinion publique, de se donner une virginité, une nouvelle posture. En réalité il ne fait que reconnaître l’échec de sa politique de sécurité. Cet échec, c’est avant tout celui de Nicolas Sarkozy.

Le malaise est grand au sein de la police nationale, la politique du chiffre ne passe plus

De la Police, Sarkozy avait fait l’instrument de sa conquête du pouvoir.
Même si le phénomène est antérieur à 2002 les rapports entre les forces de l’ordre et les citoyens se sont fortement dégradés.

D’une part, la Police et la Gendarmerie sont de plus en plus éloignées des usagers et le Gouvernement semble sourd aux demandes des élus. En particulier la proximité, alors que trop souvent la Police locale semble être le parent pauvre par rapport à leurs collègues aux allures de Nidja, caparaçonnés et casqués qui repartent comme ils sont arrivés, dans un grand fracas de sirènes hurlantes et de pneus crissant, laissant la population désemparée et les délinquants goguenards.

D’autre part, aux inégalités sociales et territoriales que délinquance et sentiment d’insécurité renforcent et pérennisent, s’ajoute aujourd’hui l’injustice de moyens de polices locales ici absentes ou là richement déployés… alors que l’ accès de tous à la sûreté et à la tranquillité publique, est le 1er devoir de la République.

Enfin, le citoyen n’est pas dupe des chiffres annoncés, il se rend compte que le Ministère semble fasciné par les actions spectaculaires et obsédé par le résultat immédiat, et que la police s’épuise dans des d’actions ponctuelles plus destinées à remplir des colonnes de statistiques, dans des interventions ultra-médiatisées, mais totalement inefficaces.

Comment en est on arrivé là ? Pourquoi une institution dont la vocation première est de protéger la sécurité des citoyens et leurs biens, voit sa popularité et son action remis en cause ? Pourtant les remèdes existent !

La 1ère urgence est sans doute de (re)créer une police proche des citoyens et peu m’importe que l’origine date de Pasqua, Chevènement ou Vaillant ; qu’elle s’appelle d’ilotage, de quartier, du quotidien, de proximité (même si ce mot fâche l’UMP) ou de patrouille. Elle se doit d’ériger des relations avec la population qu’elle côtoie sur le terrain. Seule cette mesure mettra fin à l’inefficacité réelle ou supposée de la police. Le policier est par définition un homme de terrain ne serait ce que pour la collecte de renseignements ! Ce principe, le PS, lors de sa Convention sur la sécurité en novembre 2010, l’a mis en tête de son projet. Après l’avoir tant critiqué, Claude Guéant en redécouvre les vertus en affirmant que police et gendarmerie « doivent avoir des contacts dans la population ; » Neuf ans après la suppression de la police de proximité et une politique qui n’a cessé de réduire les effectifs de voie publique. Quel aveu d’échec et que de temps perdu !

Evidemment il faudra sans doute augmenter progressivement les effectifs mais d’abord redéployer ceux existant en fonction des besoins prioritaires. Substituer à une logique de militarisation progressive des forces de police et de gendarmerie, des agents de quartier, bien équipés et bien formés. Si doivent demeurer quelques forces de renfort en situation de crise, ce sont les policiers polyvalents de quartier, patrouillant plus volontiers à pied ou en vélo, qui doivent devenir le maillon central de l’action, nécessairement local. Il est aussi impératif de recentrer les agents sur leur cœur de métier, relancer l’investissement, revaloriser leur métier et les carrières.

La Justice doit être indépendante, impartiale et respecter le justiciable

La droite ne s’est pas contentée de paupériser la justice, elle a également remis en cause son indépendance. Or, la justice doit d’abord être indépendante, c’est l’élément essentiel de son impartialité.
Je suis un citoyen inquiet pour la justice : une justice qui marche sans principe, sans boussole mais qui marche à coups de faits divers, aux discours émotionnels.

Il existe un divorce total entre les citoyens et la justice. Il faut rendre celle-ci plus transparente en l’ouvrant sur la société et en arrêtant la multiplication de textes répressifs. Dans une société du risque zéro, le juge, à vouloir trop comprendre, devient un risque.

Pour faire valoir leurs droits, les citoyens doivent faire face à un parcours long, coûteux et insuffisamment pris en compte. La Justice se doit de revenir à l’homme, au citoyen. Elle se doit d’être un service public assurant l’égalité de tous devant celle-ci, que l’on habite Neuilly ou St Denis. Il faut revaloriser l’aide juridictionnelle.

Le manque de moyens pèse gravement sur le fonctionnement de la justice.
Concernant la proposition du gouvernement d’instaurer des jurys populaires, cela est une fausse bonne idée. En effet, cette mesure est inapplicable : elle coûterait des centaines de millions d’euros. Le gouvernement cherche à masquer ses échecs avec cette proposition.

Enfin, l’incarcération ne peut pas être une fin en soi. Il faut développer d’autres sanctions, moins coûteuses et préparer la sortie des détenus.

Que propose la Gauche ?

Si aucune violence n’est acceptable en République il faut néanmoins rappeler la vanité, la supercherie et la duplicité intellectuelle de la politique sécuritaire du coup d’éclat menée depuis 2002.

Plutôt que de se relancer dans une nouvelle réforme uniforme, il est urgent de « cibler » et « d’adapter ». Proposer la délimitation de secteurs, urbains notamment, aux besoins particulièrement criants en matière de sécurisation de la population.
Lutter tout autant contre la criminalité organisée et la criminalité financière.

Les élus locaux bien souvent conçoivent sur le terrain des réponses, il faut s’en inspirer, bâtir avec eux des stratégies locales de sécurité et d’abord répondre à leur demande d’une police de proximité.

La Droite a semé le doute et a monté les policiers contre les magistrats. Il faut réhabiliter la confiance entre magistrats, citoyens et policiers.

La Justice a besoin de sérénité, d’indépendance et de moyens et pas d’une avalanche de textes législatifs ni de jurés populaires.

D’une part il faut une réponse globale, ferme et efficace face à la violence qui prend de nouvelles formes parfois extrêmes, dans une société malade du chômage de masse, de la ghettoïsation urbaine, de la perte des repères familiaux et la dévalorisation de nos institutions (Ecole !).

D’autre part, il y a la sanction. Elle n’a de sens que si à chaque acte d’incivilité ou de délinquance correspond une sanction rapide et proportionnée. Il faut de nouvelles formes de sanctions, notamment à travers des travaux d’intérêts généraux et sans doute des « centres de discipline et de réinsertion » pour jeunes délinquants multirécidivistes

Enfin, le PS tient un discours de raison avec non pas une mais plusieurs réponses. Cependant, aucune n’est miraculeuse. C’’est la pluralité de réponses, combinées, qui les rend efficientes :

Il n’y a pas de fatalité à l’impuissance publique face à la délinquance. Toutes les mesures doivent être conjuguées sur la durée.

Publié le mercredi 1er juin 2011, par Claude Gentil.

Messages

  • A propos du Rapport de la Cour des Comptes, celui ci ne fait que confirmer ce que les infos indiquent tous les jours. Chacun peut se rendre compte que la délinquance et les agressions n’ont nullement baissé . Guéant et Copé nous prennent pour qui ? Pour des demeurés ? Leur seule préoccupation : la manipulation des chiffres pour faire réélire leur champion qui nous a tout promis ; mais les faits sont là, têtus.

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  • Lundi 29 août, Claude Guéant en déplacement à Marseille a affirmé que le gouvernement de Lionel Jospin s’était illustré « par l’introduction des 35 heures, ce qui a abouti, dans la police, à l’équivalent de 8 000 suppressions de postes, sans que le gouvernement songe à compenser cette perte par quoi que ce soit ».

    Le ministre de l’Intérieur, jamais avare d’une approximation, devrait relire les rapports budgétaires établis lors des discussion des projets de lois de finances. Il apprendrait ainsi qu’en 1997 quand le gouvernement de Lionel Jospin prend ses fonctions, le nombre de policiers est de 113 158, celui des personnels administratifs travaillant au sein du ministère de l’Intérieur de 14 855 aux côtés de 8825 « auxiliaires » soit un total de 136 838. En 2002, au moment où le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin est nommé, les policiers sont 115 683, les personnels administratifs 15 149 et les auxiliaires 20 000 soit un total de 150 832.

    En résumé, si on se limite aux policiers (tous corps confondus) le gouvernement de Lionel Jospin a donc créé 2 525 postes de policiers et si l’on retient l’ensemble des personnels travaillant au sein de la « police nationale » la progression est de 13 994.

    Dans les deux cas, une fois de plus, Claude Guéant prouve qu’il n’entend rien à la vérité des chiffres.

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  • La valse des préfets continue ! Mieux que dans une République bannanière, le Gouvernement tient le record mondial du déplacement des préfets .Ce faisant , il commet une double erreur de diagnostic et de thérapie.

    La détérioration de la situation sécuritaire ne doit rien à l’action des Préfets. Les préfets se succèdent mais la dégradation se poursuit. Confronté à sa propre impuissance, le Gouvernement comme toujours cherche des boucs émissaires.

    Le Gouvernement fait du colmatage, il a baissé les bras dans bien des quartiers. Il ne cherche plus à rétablir l’ordre, il tente simplement de contenir les désordres. Empêtré dans la surenchère verbale et la frénésie législative, il a conduit le pays dans une impasse. : toujours plus de violence dans les mots pour toujours moins de sécurité dans les faits…

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  • Et encore une loi : depuis que Sarkozy s’occupe de la sécurité comme Ministre puis Président, 18 lois sur la sécurité ont été adoptées. On connaît le triste résultat de cette politique : les violences physiques gratuites commises par des mineurs ont augmenté de 57% depuis 2007.

    La dernière, concernant la délinquance des mineurs, a été votée, le 6 juillet dernier et n’est même pas encore promulguée que déjà le Président promet une nouvelle loi dans quelques semaines. Ce sera donc la 19ème !!!

    Cette surenchère législative est le seul remède (mais aussi l’ aveu) à l’impuissance du gouvernement.

    Cette a proposition de loi d’ Eric Ciotti doit servir de prétexte pour ne rien faire… et amuser la galerie en pleine campagne présidentielle pour faire semblant d’agir.

    Faire des lois, encore des lois, toujours des lois, c’est la seule chose que l’UMP sache faire en matière de sécurité

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