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Jamais le Dimanche

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Dans un texte que Ouest-France a publié, Bernard Poignant, député européen, nous livre sa réflexion d’historien sur la réduction du temps de travail.

Voir en ligne : Le site de Bernard Poignant

A Quimper, des syndicats demandent une concertation / négociation pour l’ouverture des magasins le dimanche avec des salariés. Il y a une raison supplémentaire pour organiser cette discussion et déboucher sur un accord : 2006 marquera le centième anniversaire de la loi du 13 juillet 1906 qui oblige à un repos hebdomadaire de 24 heures, de préférence le dimanche.

Une première loi a été promulguée le 2 novembre 1892 en ce sens mais elle ne concerne que les femmes et les enfants de moins de 18 ans travaillant dans l’industrie. En réalité, il s’agissait de permettre aux femmes et aux enfants de disposer d’un « temps libre » spécifique pour se consacrer aux tâches domestiques.

Une proposition de loi est alors déposée par Jules Guesde et Jean Jaurès le 27 octobre 1894 : elle demande la semaine de 48 heures et le repos hebdomadaire obligatoire pour les ouvriers et employés. Mais il faut attendre avril 1900 pour qu’une autre proposition de loi des députés socialistes Edouard Vaillant et Marcel Sembat suscite une mobilisation importante des employés par le biais de pétitions qui se comptent par milliers. La proposition ne comprend qu’un seul article : « il est interdit aux patrons et employeurs de faire travailler pendant plus de six jours par semaine dans les bazars et magasins ».

La Chambre des députés votera ce texte le 27 mars 1902 par 422 voix contre 10. Le Sénat tentera de retarder son propre vote. Des campagnes pour s’opposer à cette réforme s’organisent partout. Une revue comme « L’Epicerie française » parle de loi stupide. La Fédération des Industriels et des Commerçants Français prétend qu’une telle loi « porterait atteinte à la liberté individuelle » des patrons et des ouvriers.

Finalement le Ministre du Commerce, le radical Fernand Dubief, apporte son soutien à la proposition et déclare : « En un mot, le repos hebdomadaire doit être consacré à la famille, à l’amitié, à la sociabilité, à l’éducation civique. Il ne peut être fixé qu’au dimanche ».

Au bout des navettes parlementaires, la loi est approuvée à l’unanimité des députés. Elle sera proclamée le 13 juillet 1906.

Décidément, l’histoire de la réduction du temps de travail n’a jamais été un lit de roses.

Publié le mardi 3 janvier 2006, par Bernard Poignant.

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