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De Urbe

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Voici ce qu’écrivait Victor Hugo au XIXème siècle dans « Paris » : « Les villes sont des bibles de pierre. Celle-ci n’a pas un dôme, pas un toit, pas un pavé qui n’ait quelque chose à dire dans le sens de l’alliance et de l’union, et qui ne donne une leçon, un exemple ou un conseil. Que les peuples viennent dans ce prodigieux alphabet de monuments, de tombeaux et de trophées épeler la paix et désapprouver la haine…Le genre humain a deux livres, deux registres, deux testaments, la maçonnerie et l’imprimerie, la bible de pierre et la bible de papier ». Eternel Hugo !

Voir en ligne : Le site de Bernard Poignant

Les statisticiens comptent 400 millions de personnes habitant dans les villes en Europe, soit 80 % de la population. C’est un dénombrement mais il peut y en avoir d’autres. Les critères varient sur la planète. Chaque institut national de la statistique fixe son seuil de population à partir duquel il définit la ville. Il en existe environ 200 à travers le monde. Pour la France, le seuil est de 2000 habitants agglomérés, 10 000 en Espagne et en Suisse, 300 en Islande, 1000 au Canada, 30 à 50 000 au Japon. Les Nations-Unies se réfèrent quant à elles au seuil de 20 000 habitants. On est loin de l’harmonisation mais la taille des pays est tellement hétérogène et la densité tellement différente.

La ville n’est pourtant pas qu’une statistique. L’organisation qui la constitue vaut tout autant. S’il fallait la résumer, je décrirais la ville européenne, et même le village, comme étant d’abord une place, une agora pour les Grecs, un forum pour les Romains. Elle est toujours entourée d’une église, d’une mairie, d’un musée, de restaurants, de terrasses, de commerces. Elle permet la rencontre pour protester lors de manifestations, pour se recueillir quand la cité vit un drame, pour se divertir quand artistes, bateleurs, saltimbanques viennent s’y déployer. Dans notre jargon contemporain, on dirait qu’elle fait lien, qu’elle est le lieu du vivre ensemble. Dans les années 60 et au-delà, l’urbanisme en tours et en barres a brisé ce cadre de notre civilisation. Il faut croire qu’il manque quelque chose. Aujourd’hui on les détruit ou on cherche à retrouver ce qui a fait la ville européenne.

Pendant longtemps, l’Union européenne n’avait pas de politique pour les villes. A partir de 1994 le programme URBAN se révèle une expérience et une initiative réussies. Des crédits sont ouverts pour les villes à travers le Fonds européen de Développement Régional (FEDER). Le Parlement européen crée un Intergroupe « Urban Logement » il y a seulement trois ans.

Une reconnaissance plus grande est assurée le 24 mai 2007 à Leiptzig sous présidence allemande. Une Charte sur la ville européenne durable est adoptée ce jour-là. Les Ministres considèrent, dans ce document, « les villes européennes traditionnelles comme un bien économique, social et culturel précieux et irremplaçable ». Il était en effet temps de le déclarer ! Elles sont à la fois, écrivent-ils, « des centres de connaissances et des sources de croissance et d’innovation ». « Elles ne pourront assumer leur rôle de garants du progrès et de la croissance que si elles réussissent à maintenir l’équilibre social en leur sein et entre elles ». Cela va mieux en le disant !

A partir de ces déclarations de principes, des recommandations sont faites pour tous les Etats. Notamment : la création et la préservation d’espaces publics de qualité ; la modernisation des réseaux d’infrastructure et l’augmentation du rendement énergétique ; une grande attention aux quartiers urbains défavorisés ; une politique active en faveur des enfants ; la mise en place d’un système de transports urbains performant et à la portée de tous….

Tout le monde ou presque sera d’accord sur les intentions. Reste à les traduire. L’Union européenne n’a pas de compétences qui lui permettent d’obliger les Etats. Dans un pays comme la France le principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales limiterait de toute façon les effets de décisions bruxelloises. Tout repose sur la responsabilité de chacun, sur la conviction que la question urbaine est essentielle pour l’équilibre de notre société.

Dans un délai qui n’a pas été fixé, les Ministres réunis à Leiptzig ont demandé à la Commission européenne de présenter les résultats de cet échange de bonnes pratiques à l’occasion d’une conférence basée sur les principes de la Charte de Leiptzig. Celle-ci se termine ainsi : « L’Europe a besoin de villes et de régions fortes où il fait bon vivre ». Acceptons-en l’augure !

Publié le mardi 11 mars 2008, par Bernard Poignant.

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